Cette societe pirate vient de prouver qu’elle est virtuellement invincible, la justice ne peut rien contre elle


Une société chinoise, accusé de vendre des boitiers pirates, a été condamnée en 2016 par la justice américaine à payer 101 millions de dollars d'amende. Problème, la somme n'a jamais été payée… et le jugement totalement annulé.

Tout commence en 2016 lorsque Nagravision, une société spécialisée dans les systèmes anti-piratage et d'accès à la TV sur le câble/internet/mobile, porte plainte contre deux entreprises chinoises devant un tribunal américain. D'après la compagnie, Gotech International Technology Limited et Zhuhai Gotech Intelligent Technology Company Limited vendent des dispositifs capables de désactiver les sécurités anti-piratage intégrées dans les flux vidéo de ses clients comme BeIN et les studios hollywoodiens Miramax.

Selon Nagravision, le réseau des deux sociétés chinoises aurait volé de clés de décryptage, permettant aux utilisateurs de contourner la technologie anti-piratage de l'entreprise et de regarder les émissions de télévision de ses clients, sans verser un centime.

Un procès expédié faute de défense solide
Pour résumer : une technologie anti-piratage volée et déployée sur des serveurs américains, utilisée pour saper à la fois le propriétaire de la technologie et ses clients, avant de diffuser illégalement leurs contenus premium via des boitiers pirates. Une affaire rondement menée donc par ces entreprises chinoises.

Dès le début du procès, l'affaire semblait être pliée pour Nagravision. Les deux entreprises, ainsi qu'une filiale située à Hong-Kong, n'ont apporté aucun élément pour se défendre. Résultat, un jugement par défaut est prononcé et plus de 101 millions de dollars de dommages et intérêts sont exigés. En outre, une injection permanente et une ordonnance de saisie qui comprend le site web des condamnés sont appliquées.

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Une décision de justice inutile
Or et si l'on en croit les récentes déclarations du groupe anti-piratage AVIA, cette décision de justice n'a eu aucun impact. “L'une de ces entreprises, Zhuhai GoTech, a été démasquée lors d'un procès civil au Texas en 2016 et une amende importante lui a été infligée ; cependant, le syndicat de pirates chinois qui possède GoTech n'a pas été découragé par ce jugement – il continue de proposer publiquement – depuis son siège en Chine – des services de piratage IKS sur ses pages de médias sociaux internationaux, sous diverses marques”.

Fait amusant, Zhuhei Gotech publie régulièrement des rapports détaillés sur les activités de l'entreprise. Le procès aux Etats-Unis y est mentionné à plusieurs reprises. Selon elle, il n'y avait pas vraiment de quoi s'inquiéter, la décision d'un tribunal étranger n'ayant pratiquement aucune chance d'être appliquée en Chine. “La société ne peut pas estimer de manière fiable si le litige ci-dessus peut entraîner des pertes et le montant des pertes probables, elle n'a donc pas reconnu les passifs estimés et les pertes possibles”, estime-t-elle.

Comme si la justice américaine avait reconnu ses limites, un juge a annulé le jugement initial de 2016 dans une ordonnance rendue en janvier 2022. Comble du comble, GoTech a récemment listé dans une vidéo promotionnelle ses différents partenaires. Elle cite en tout premier lieu Nagravision, la société justement à l'origine de la plainte. Un troll comme on en voit peu (vers 5 minutes ci-dessous).